Le musée Bourdelle décroche le 2e prix de La Reliure du Limousin

Un ouvrage à l’état contrasté

L’absence de ces dernières révèlent donc les ais de bois de la reliure. Celle-ci, de type médiéval, est constituée d’une pleine peau brune marquée par des pièces métalliques en lieu et place de cabochons, à savoir aux angles et aux centres des plats. L’ombilic (l’élément central) du plat avant comporte la date « 1799 », date potentielle de la reliure. Contrairement au corps d’ouvrage, son état de conservation est mauvais : des auréoles d’humidité ont entraîné une décoloration et un décollement partiel du cuir, les pointes fixant les pièces métalliques centrales s’oxydent, les tranchefiles manquent à l’appel et le dos est complètement craquelé. Si la reliure était originellement rattachée au corps d’ouvrage à l’aide de ficelles collées sur les ais de bois, celles-ci sont rompues au niveau du mors avant, et le cuir décollé du corps d’ouvrage présente une fente à ce niveau. Les fermoirs en gouttière ont disparu, ne laissant pour trace que leur oxydation sur la tranche.

Une restauration sans démontage des cahiers
Compte tenu de la double foliotation déjà présente, notre restauratrice peut intervenir sans ajouter un nouveau numéro sur chaque feuillet et finit de désolidariser les cahiers aux coutures et aux fonds rompus sans crainte de mélanger l’ordre des feuilles. Celles-ci sont ensuite doublées en papier japonais de 3.5 gr, tandis que les lacunes sont comblées avec du papier japonais de 29 gr. L’intégralité du processus est réalisé à l’aide de Klucel G, qui est une colle à la fois neutre et réversible, comme le préconisent les autorités en matière de restauration papetière (Archives de France, ECCO).

Les défis de la numérisation
Une reliure à remettre à neuf




Afin de reconstruire la reliure, il est nécessaire d’ajouter un cuir de restauration, du veau teinté, que notre restauratrice doit fixer sur les ais de bois. Les cornières côté dos bloquent toutefois l’accès ; il est décidé de les retirer. Malgré leurs apparences, nous avons la surprise de découvrir que celles-ci ne sont pas clouées aux ais, comme l’ombilic, mais simplement encastrées. Une fois l’ajout de cuir effectué, il suffit donc de les remettre à leur place exacte afin de garantir leur bon maintien.
Les nerfs présents sur le dos du corps d’ouvrage sont ensuite sertis sur le cuir de restauration, puis le dos d’origine ainsi que les charnières sont recollés à l’identique à la colle d’amidon.



L’écrin final



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